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Comment Grigny a réussi à exposer 223 œuvres de Banksy - Le Parisien

« La Grande Borne est autant une cité de peintre que d’architecte », aimait rappeler Émile Aillaud, son bâtisseur. Cinquante ans après la fin de la construction de ce quartier de Grigny (Essonne), c’est l’univers d’un des artistes contemporains les plus cotés au monde qui va y être mis en lumière. À partir de ce lundi, 223 œuvres de Banksy seront dévoilées à l’entrée principale du quartier, dans les Ateliers de théâtre et d’art de l’association La Constellation.

Sur les murs de l’ancien local des services techniques de la ville s’afficheront posters, stickers, pochettes de vinyle ou encore faux billets, tous signés de la patte du célèbre street artiste anglais, qui utilise la peinture au pochoir pour faire passer ses messages mêlant politique, humour et poésie. Une collection unique réunie au fil des années par François Berardino. Et qui débute par une rencontre improbable.

Nous sommes en 2007. François Berardino, comédien, est en tournée à Londres. « J’étais à Camden (NDLR : célèbre quartier londonien, haut-lieu d’une culture dite alternative), je cherchais mon chemin. C’est là que j’ai vu un groupe de mecs de mon âge, se souvient-il. On discute un peu, et on accroche. Je leur propose de venir voir mon spectacle de rue, le soir même. À la fin de la représentation, l’un d’eux m’explique que lui aussi est un artiste. Il m’invite à le suivre. »

Coup de foudre

Le comédien se retrouve alors dans son atelier et découvre ses œuvres. « L’homme me propose de repartir avec deux dessins. Je prends deux petits formats, et je repars. » Quelques mois plus tard, lors d’un dîner chez un ami, il tombe sur un livre : « Wall and Piece », d’un certain Banksy. Le nom lui est inconnu mais en feuilletant les pages, il fait le lien : « C’était la même patte, et surtout la même signature. »

Une rencontre exceptionnelle, car l’identité exacte de Banksy reste un mystère. L’homme, aujourd’hui d’une cinquantaine d’années, serait originaire de Bristol, en Angleterre, où ses graffitis ont commencé à apparaître à Bristol vers 1993. Dix ans plus tard, ils couvraient les murs du Royaume-Uni, mais aussi de Paris, de Vienne, de San Francisco et de Barcelone, avec cette signature bien précise qui fait sa marque : le mélange d’un humour sarcastique et d’une pointe de rébellion. Si l’artiste tient à son anonymat, ses œuvres s’arrachent à prix d’or. En mars 2021, celle mettant les soignants à l’honneur s’est envolée aux enchères au prix record de 19,48 millions d’euros.

Affiches, stickers, pochettes, livres : ces centaines d’objets sont exposés jusqu’au 10 juillet. LP/Olivier Arandel
Affiches, stickers, pochettes, livres : ces centaines d’objets sont exposés jusqu’au 10 juillet. LP/Olivier Arandel LP/Olivier Arandel

Quand François Berardino comprend à qui il a affaire, un coup de foudre. Cet accumulateur, comme il se définit (il possède plusieurs collections aussi variées que des feuilles à rouler ou des jouets anciens), commence à réunir des productions de l’artiste. Son premier achat ? La pochette de « Think Tank » le septième album de Blur, paru en 2003. « J’ai fait trois disquaires pour le trouver. À l’époque je l’ai payé 45 euros. Il y a deux ans, j’ai vu qu’il était revendu 800 euros, compare-t-il. J’aurais pu faire un crédit à la consommation pour m’acheter une de ses scénographies, que j’aurais accrochée sur mon mur. Mais je voulais des objets plus modestes, tous originaux. Des œuvres en édition limitée et moins connues du grand public. »

L'exposition devrait ensuite voyager en France. «Je n’ai soumis que deux obligations : qu’elle soit toujours gratuite pour le public. Et que sa location et la vente des produits dérivés servent à alimenter les fonds de l’œuvre caritative SOS Méditerranée – Ocean Viking ou Louise Michel», explique le propriétaire des œuvres.
L'exposition devrait ensuite voyager en France. «Je n’ai soumis que deux obligations : qu’elle soit toujours gratuite pour le public. Et que sa location et la vente des produits dérivés servent à alimenter les fonds de l’œuvre caritative SOS Méditerranée – Ocean Viking ou Louise Michel», explique le propriétaire des œuvres. LP/Olivier Arandel

Il achète des affiches d’exposition, acquiert un masque porté par l’artiste pour ne pas être reconnu, et se procure des stickers de rue, comme celui collé sur le dos des contrôleurs en Angleterre. L’un d’entre eux, à peine plus gros qu’un pouce, est revendu 400 euros. « Il est très rare, confie François Berardino. Il y en a d’autres que j’ai payés 10 euros et qui dépassent depuis les 1 000 euros. C’est la force de la spéculation. »

Une collection précieuse… dans un simple hangar

Sa collection, qui a donc aujourd’hui une belle valeur, il l’expose... dans un simple hangar… « Les Résidences (NDLR : le bailleur) nous avait proposé un autre local, mais il y avait beaucoup de travaux. Et nous ne voulions pas attendre une année pour exposer », explique Élodie Villatte, chargée de production pour La Constellation, une association dont François Berardino est proche. Depuis 2015, elle porte le projet de territoire La Croisée des Chemins à Grigny en invitant des artistes des arts urbains à rencontrer les habitants et à réaliser des œuvres dans la ville. « On tenait absolument à ce que cela se fasse ici, poursuit-elle. C’est dans la lignée de notre action. Alors, oui, ce sont des œuvres qui ont de la valeur, mais ici on fonctionne dans le respect et la confiance. Et ça marche. La preuve, aucune des œuvres de rue n’a été vandalisée. »

François Berardino espère bien en faire profiter un maximum de personnes. L’ensemble de sa collection est dorénavant géré par une société créée pour l’occasion. Après une première escale à Grigny, celle-ci doit parcourir la France. « Je n’ai soumis que deux obligations : qu’elle soit toujours gratuite pour le public. Et que sa location et la vente des produits dérivés servent à alimenter les fonds de l’œuvre caritative SOS Méditerranée – Ocean Viking ou Louise Michel. »

L’accumulateur a quand même conservé quelques œuvres, dont les deux offertes par Banksy. « J’en ai donné une à ma fille. Elles ont une valeur sentimentale, et de toute façon, elles ne sont pas certifiées, reconnaît-il. Si je ne l’avais pas rencontré, je ne me serais jamais lancé là-dedans. Et le pire, c’est que si ça se trouve, ce n’était pas vraiment lui, mais un de ses acolytes (NDLR : certains émettent l’idée que Banksy serait un groupe de personnes). Il ressemblait à Monsieur tout le monde. »

« Banksy humanity collection », du 28 juin au 10 juillet aux Ateliers du théâtre et des arts, face à la place du Damier (à l’entrée de La Grande Borne). Ouverture de 14h30 à 19h30. Entrée libre.

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